Visite du roi Charles III : Le ratage français d’un grand moment
Billet
En choisissant la France comme première étape pour effectuer une visite officielle en tant que monarque de Grande Bretagne et de 14 autres états souverains, le roi Charles III d’Angleterre fait un honneur à notre pays. En choisissant une date concomitante à la visite sur notre territoire de ce voisin si particulier pour mettre en place un processus législatif hasardeux, cela fait montre soit d’une ignorance de l’attachement des français à leur système de retraite, soit d’une désinvolture à l’égard du chef de l’État britannique.
Le ratage est déjà fait. L’embarras diplomatique doit être au maximum, enfin surtout côté des Anglais, parce qu’en France il n’y a plus de corps diplomatique et à la mi-mars le président Macron l’a confirmé. Il “s’est montré déterminé : « un métier n’a pas besoin de corps pour exister. Il faut une filière professionnelle, une carrière sanctuarisée.” Cela ne manque d’ailleurs pas de sel de la part du président Macron de vouloir réformer un domaine où les mots employés sont feutrés et où l’on cherche le moins possible à contrarier ses interlocuteurs.
Compte tenu de l’audience qu’à sur notre planète la moindre information concernant la royauté britannique et la famille royale, annuler le déplacement aurait comme conséquence de jeter un discrédit sur la diplomatie française en pleine mutation et en même temps sur le président de la République française. Avec des répercussions sur l’ensemble des français. Quoi de plus navrant qu’un acte manqué ? Et surtout si le roi Charles III et la reine consort décidaient malgré tout de se rendre en Allemagne. L’humiliation ?
Une visite d’État est avant tout une visite de chef d’Etat à chef d’Etat. Pourtant, celle-ci en particulier, est celle d’un souverain d’une monarchie parlementaire avec laquelle nous avons une longue histoire commune. Son principe n’est donc pas qu’elle se déroule en catimini. Elle doit avant tout permettre aux ressortissants britanniques résidant en France de voir, ou du moins d’apercevoir, leur monarque, et peut-être pour la seule fois de leur vie. Elle doit le permettre aux français, nombreux à aimer les cérémonies touchant la famille royale, et elle doit le permettre aux touristes, pour lesquels ce peut être l’occasion de garder un souvenir mémorable, celui du roi d’Angleterre vu à Paris.
Patatras. Le pays est en révolte, Paris est une poubelle et ce n’est pas le choix de l’apaisement qui a été fait.
Faute d’avoir mesuré avec justesse les conséquences des décisions prises à plusieurs niveaux, les données sont les suivantes : Ou bien la visite de Sa Majesté Charles III est annulée, et on en parlera sur la planète entière durant des générations, ou bien elle est maintenue, et dans ce cas les risques qu’elle soit perturbée son tels qu’elle pourrait tout aussi bien initier une nouvelle forme adaptée à l’ère du numérique dont on nous parle tant, s’effectuer malgré tout, en virtuel.
Pour apercevoir Charles III et la reine consort, un public trié sur le volet serait réducteur d’enthousiasme. Une foule, légitime à acclamer le roi mais illégitime à invectiver le président, ne pourrait applaudir et sourire à Charles III sur son parcours et en même temps crier contre Emmanuel Macron. Quoique. En tout état de cause cela serait confus et antagoniste.
Le 23 mars, jour de grève en France, toute la presse anglaise et US, y compris dans de nombreuses grandes villes américaines, parlait surtout du tapis rouge qui ne serait pas déployé et de Sandrine Rousseau, députée écologiste de Paris. Si la visite du roi, qui est écologiste lui aussi, est maintenue, avec l’organisation d’un service minimum, espérons pas à la bougie tout de même, ces quelques jours promettent d’être d’exception.
Florent B
photo : Lilen de Pixabay