Les 5 clés de la disparition de Xavier Dupont de Ligonnès

So Florent B
14 min readMar 14, 2023

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Soupçonné d’avoir assassiné sa femme et ses quatre enfants chez lui à Nantes en avril 2011, puis de les avoir enterrés sous la terrasse de la maison louée depuis plusieurs années, Xavier Dupont de Ligonnès, un homme venant d’avoir cinquante ans issu d’une vieille famille française, représentant de commerce de profession, a quitté la région nantaise. Il est maintenant porté disparu depuis 12 ans.

Voici une théorie sur son escapade ultérieure depuis le sud de la France.

La seule qui rassemble toutes les pièces connues du puzzle et combine des questions troublantes avec un scénario montrant un parcours cohérent pour Xavier Dupont de Ligonnès à partir de son départ mystérieux de Roquebrune-sur-Argens, le 15 avril 2011.

Première clé : L’affaire John List

Rappels. Le père de Xavier Dupont de Ligonnès est décédé le 20 janvier 2011. On sait qu’il lui a légué la carabine qu’il possédait. Dupont de Ligonnès obtient sa licence de tir la même année, le 2 février. Le 12 mars, après avoir hérité de la carabine de son père, Xavier Dupont de Ligonnès achète des cartouches et un silencieux. Sans retrouver l’arme, il est peu probable que l’on en apprenne davantage sur son utilisation.

Quant au livre qu’un témoin l’a vu transporter à l’intérieur d’un restaurant-grill et western lors de son périple de “fugitif” jusqu’à Roquebrune-sur-Argens, il a été identifié dans l’un des couloirs de l’hôtel Formule 1 grâce aux images prises par une caméra de surveillance. Il s’agit de Glacé de Bernard Minier, un roman de 560 pages publié en février 2011, deux mois avant la tuerie.
Cependant, un autre livre, retrouvé au domicile de la famille Ligonnès, attire l’attention, un roman de l’auteur américain à succès Harlan Coben. Le titre en français est Disparu à jamais et en anglais Gone For Good (Parti pour de bon). La mort contre le non-retour ?

Il est possible de comparer la tuerie de Nantes d’avril 2011 avec un autre événement, survenu aux Etats-Unis quarante ans plus tôt, l’affaire John List. Les similitudes et les coïncidences entre les deux affaires sont nombreuses (voir l’article ici).

Quelque temps avant de tuer sa famille, le 9 novembre 1971, John List travaillait à Jersey City, dans le New Jersey. D’autre part, le romancier Harlan Coben est né le 4 janvier 1962 à Newark, une ville située de l’autre côté de la baie. La maison des List se trouve à Westfield, au sud-ouest de Newark. Pendant son enfance, Coben a vécu à Livingston, à une quinzaine de kilomètres au nord. Il avait neuf ans et demi lorsque le meurtre a eu lieu au 431 Hillside Avenue à Westfield. Lui seul pourrait dire si cette affaire l’a marqué, si elle l’a influencé plus tard à écrire des thrillers.

Xavier Dupont de Ligonnès a été, pendant des mois, présent sur le sol américain avec son collègue et ami au moment du fameux procès List. A-t-il été influencé par cet événement ?

Si l’homme, qui reste présumé innocent, a imité John List dans sa méthode criminelle 40 ans plus tard, il aura imaginé une suite similaire. Autre rappel, en 1971 aux Etats-Unis, un mois s’est écoulé avant que la scène de crime ne soit découverte. Dupont de Ligonnès aura probablement pensé qu’en France, trois semaines s’écouleraient avant celle-ci. Et en effet, à Nantes, au-delà des précautions prises pour masquer les odeurs, ce n’est que parce qu’une jeune policière a remarqué la gamelle du chien en équilibre sous une planche placée sous la terrasse que les corps ont été découverts.

Deuxième clé : Les voyages planifiés et la route nationale 7

Une fuite doit être planifiée. L’évasion de Xavier Dupont de Ligonnès a été anticipée, et pourtant, à proprement parler, elle n’en est pas une. Il y a en effet une ambiguïté liée au besoin d’argent. Pour lui, c’est à la fois un nouveau départ et en même temps, dans les premiers jours, une continuité de vie dans le cadre de ses habitudes professionnelles.

Dans les derniers mois précédant le drame, Xavier Dupont de Ligonnès travaillait comme enquêteur qualité ou “client mystère”, peu rémunéré, pour une société spécialisée. Il visitait des hôtels en France et rédigeait ensuite ses impressions. Ainsi, ce qui semble être un voyage erratique à travers le pays après son départ définitif de Nantes, est d’abord le moyen pour lui, en menant à bien sa mission, de récupérer plus tard de l’argent par virement sur le compte bancaire qui lui est attaché. Ensuite, son évasion a été préparée longtemps à l’avance.

Dupont de Ligonnès loge discrètement dans les hôtels économiques, notamment pour le travail, et c’est sans doute pour cela qu’il s’est éloigné de Nantes fin mars 2011 jusqu’aux portes de Châteauroux dans l’Indre, dans la zone commerciale de Saint-Maur, où se trouve précisément un hôtel de la marque Première Classe. Ce que l’on sait : avant de partir, il en a profité pour faire plusieurs achats dans un magasin de bricolage voisin, dont un rouleau de grands sacs poubelles et un paquet de dalles plastiques adhésives pour le sol. L’hypothèse : Il achète également une tente 2 secondes dans le Décathlon situé presque en face de l’hôtel.

L’évasion anticipée de Xavier Dupont de Ligonnès présente l’ambiguïté d’être à la fois un parcours professionnel et l’expression d’une nouvelle liberté, c’est pourquoi le terme adapté est escapade (de escapar, s’échapper). A ce stade, nous le verrons plus loin, la clé de l’escapade est la route nationale 7, qui était l’axe principal vers le sud de la France.

Après une nuit passée au Formule 1 de Roquebrune-sur-Argens, le 15 avril 2011, Xavier Dupont de Ligonnès quitte sa chambre en cours de matinée et prend sa voiture. Il disparaîtra pendant plusieurs heures.

Le “phone tracking” a révélé qu’un ami proche de Xavier Dupont de Ligonnès se trouvait dans la région ce jour-là, et plus précisément que cet ami avait quitté l’hôtel Mercure de Fréjus à 10h45 pour se rendre à Draguignan. Dupont de Ligonnès et son ami se sont-ils téléphoné ? Depuis le Mercure situé à Port-Fréjus, près de la mer, le temps donné de 16 minutes pour que l’ami traverse la ville et se retrouve à Puget-sur-Argens semble tout à fait plausible, ainsi que les 5 minutes supplémentaires pour atteindre le village du Muy. L’ami arrive au Muy à 11h06. Considérons que Xavier Dupont de Ligonnès souhaite rencontrer son ami à cette occasion, sous prétexte de la folle histoire qu’il a racontée à tous ses proches.

A l’entrée du village, sur l’ancienne route nationale 7, il y a une cabine téléphonique. Nous savons que l’ami est arrivé à Draguignan à 11h30. Pour cela, il a dû quitter Le Muy au moins 15 minutes avant. La théorie est la suivante : Les deux hommes auraient pu se voir ce matin-là, de la manière la plus naturelle, dans la rue entre Puget-sur-Argens et Le Muy durant un intervalle de 45 minutes, entre 10h30 et 11h15. Au Muy, Xavier Dupont de Ligonnès aurait pu s’y trouver vers 10h24. Il aura répété à son ami son discours de fuite et d’exil familial. Puis, après un dernier salut, chacun sera reparti de son côté.

Xavier Dupont de Ligonnès est un homme qui aime conduire, qui conduit beaucoup, qui aime les voitures. Il aime les voitures américaines et a traversé les Etats-Unis. Dans le passé, il a fait un voyage le long de la mythique Route 66. Par ailleurs, Xavier Dupont de Ligonnès a toujours traversé la France pour son travail. Il “avale” les kilomètres. En arrivant dans le sud depuis Nantes et Avignon, une route célèbre passe près de Draguignan et de Lorgues, deux villes qu’il connaît bien pour y avoir vécu, la route nationale 7.

La mythique RN7 est parallèle à la Trévaresse et à la Chaîne d’Éguilles à Aix-en-Provence. Elle est ensuite parallèle à l’autoroute A8. Après Brignoles, elle arrive dans la vallée de l’Argens avant d’atteindre la mer Méditerranée à Fréjus. Elle est aujourd’hui déclassée, notamment en D7N et DN7. Au niveau de la notoriété, la Route Nationale 7 est à la France ce que la Route 66 est aux Etats-Unis, et vice versa.

La partie de la RN7 à considérer se situe entre Fréjus et Aix-en-Provence, plus particulièrement entre le point de départ de Roquebrune-sur-Argens, le rond-point de l’hôtel, et Aix-en-Provence. Avant de disparaître définitivement, il lui faut préparer le terrain. A 11h15, Dupont de Ligonnès quitte le Muy au volant de sa C5 en direction d’Aix-en-Provence. De place en place, il s’arrête pour cacher discrètement des vivres, qui peuvent être des salades en conserve à ouverture facile et des petites bouteilles d’eau. Il devra tenir 10 jours.

Le long de l’ancienne RN7, ce qui caractérise les environs, c’est la diversité de leur aspect, dans une certaine uniformité de désordre. Entre buissons, herbes hautes, arbustes, broussailles, lieux abandonnés ou semblant l’être, ce n’est pas que Xavier Dupont de Ligonnès aurait pu trouver une cache, c’est qu’il pouvait en trouver une centaine. Il observe les bords de route, tente de repérer les lieux propices à ses futures pauses. Il ne sait pas s’il marchera ou fera du stop, ce sera selon l’occasion. S’il le faut, il marchera un peu en sens inverse, pour rejoindre une halte depassée. Qui pourrait soupçonner un routard de se diriger vers Roquebrune-sur-Argens ?

Pour l’instant, il ne peut guère rouler au-delà du Pont des Trois-Sautets, au sud-est d’Aix-en-Provence, entre Aix et Meyreuil. Il doit tenir compte du temps nécessaire pour revenir à Roquebrune et c’est à ce moment-là que la Nationale 7 traverse Aix-en-Provence pour rejoindre Avignon. Et ce n’est pas sa destination. A 14h20, Xavier Dupont de Ligonnès fait demi-tour pour retourner à l’hôtel Formule 1 de Roquebrune-sur-Argens.

La rencontre de la théorie et des faits : A 16h00, Xavier Dupont de Ligonnès gare sa voiture dans un angle mort sur le parking attenant à l’hôtel et repart à pied dix minutes plus tard, non sans s’être préalablement coupé les cheveux. Portant sur le dos un sac rempli de nourriture et sur l’épaule la tente 2 secondes achetée fin mars près de Châteauroux, il quitte définitivement l’hôtel Formule 1 en direction de la petite route des Châtaigniers en empruntant le tunnel voisin situé sous l’autoroute A8 “La Provençale”.

En ce 15 avril 2011, en plein cœur de l’après-midi, personne ne le cherche, personne ne le remarque, personne ne s’intéresse à lui. Il peut aller librement où il veut. Ce n’est que quatre jours plus tard, le 19 avril 2011, qu’une enquête pour disparition inquiétante est ouverte, et ce n’est que le 21 avril, alors que des restes humains ont été découverts sous la terrasse de la maison familiale à Nantes, qu’un avis de recherche relatif à la famille disparue est lancé par les autorités.

Alors qu’il quittait à pied l’hôtel Formule 1 de Roquebrune-sur-Argens, Xavier Dupont de Ligonnès a été aperçu par un témoin, portant un sac à dos et un sac à vêtements sur l’épaule. L’hypothèse admise est que le sac cachait son fusil pour se suicider. Une autre : Les deux sacs contenaient son avenir.

Troisième clé : La disparition

La fuite de Xavier Dupont de Ligonnès ne serait pas une fuite (ou du moins elle ne serait qu’une “errance”). Il a été précisé qu’il ne s’agissait pas d’une fuite mais d’un voyage pour son travail, pas d’une fuite mais d’une escapade, pour s’en aller (lentement), pas d’une fuite car, copiant John List, Dupont de Ligonnès s’est retrouvé avec du temps devant lui avant de disparaître. Ce temps, se l’est-il donné ou lui a-t-il été imposé par la réservation d’un billet d’avion ?

Après le départ de son dernier hôtel connu pour un voyage Est-Ouest dans le Sud de la France, Xavier Dupont de Ligonnès aurait pu aussi bien faire de l’auto-stop, prendre le bus, être hébergé dans un camp de voyageurs, se cacher dans un bois, marcher la nuit. La topographie et l’environnement de la région, la garrigue, le permettent. Qui se soucie d’un vagabond que personne ne recherche encore ? D’ailleurs, ce n’est qu’à partir de l’avis de recherche et de l’inscription au fichier des véhicules recherchés que, dans la nuit du 21 au 22, la Citroën C5 bleue de “XDDL”, pourtant présente sur le parking du Formule 1 depuis le 15, a été repérée par les gendarmes.

Le 16 avril 2011, Xavier Dupont de Ligonnès quitte les Châtaigniers à l’intersection de la route et de l’autoroute. Comme il a l’habitude de se raser le crâne d’avril à septembre, il a changé d’apparence physique. Dès lors, personne ne le cherche, personne ne le remarque, si ce n’est comme un homme seul effectuant, à rebours, un “pèlerinage” sur la Nationale 7. Personne ne s’intéresse à un homme sur le bord de la route, sauf quand il fait du stop, pour lui permettre d’aller plus loin. Et bien sûr, le but de Xavier Dupont de Ligonnès est d’aller loin.

Après avoir réservé une place auprès d’une compagnie aérienne deux semaines avant son vol pour bénéficier d’un tarif avantageux, il s’est engagé sur la route nationale 7 à la sortie de Roquebrune-sur-Argens, pour une vie de routard de dix jours. Avant de partir pour de bon, il profite un peu de la région, se promène sur la fameuse route des vacances et pense à l’autre route mythique, la Route 66.

Du 16 au 21, il voyage sans que personne ne se doute de rien. Six jours pendant lesquels, selon les horaires de ses déplacements, il peut éventuellement faire de l’auto-stop. La disparition prise en compte le 19, la scène d’horreur découverte seulement le 21, et loin de la Provence, ne peuvent, avant cette date, susciter l’intérêt dans cette région que le suspect présumé pourrait y être.

Mais à partir du 21 avril, l’affaire prenant une tournure dramatique dans les médias, Xavier Dupont de Ligonnès choisit probablement de circuler la nuit. En supposant qu’il emprunte la RN7, et dans le sens est-ouest, l’homme est déjà loin de Fréjus lorsqu’il y est repéré. A-t-il poussé son errance jusqu’au nord d’Aix-en-Provence, lieu noté d’une croix parmi d’autres sur une carte trouvée sur son réfrigérateur à Nantes ? Son voyage l’a-t-il conduit dans un lieu de retraite tel qu’il en existe dans la région, lieu où le comte de Ligonnès est devenu Monsieur X.

Quatrième clé : La réapparition

Le 26 avril 2011, à la station-service Total sur l’autoroute près du péage, il est 2h44 du matin quand un homme apparaît. Grand, âgé d’une cinquantaine d’années, les cheveux grisonnants, portant des lunettes et ayant une barbe naissante, l’inconnu s’attarde entre les pompes à essence et la boutique.

À un moment donné, il est remarqué par deux clients venus faire le plein. Il attire leur attention parce qu’il a posé à ses pieds quatre sacs de couleurs différentes, et l’un des deux clients trouve qu’il ressemble à l’homme qui a tué toute sa famille à Nantes. La caissière de la station-service a également remarqué ses allées et venues, puis il est venu lui demander un café promotionnel gratuit. Elle remarque d’ailleurs qu’il lui manque une dent. Et en effet, il manque une dent à Xavier Dupont de Ligonnès, ce que la caissière ignore à ce moment-là, comme tout le monde.

Monsieur X finit par monter dans le Combi Volkswagen d’un autre client de la station-service, venu lui aussi de nuit. Le conducteur ignore tout du drame nantais, et prend l’auto-stoppeur pour quelques kilomètres jusqu’à une sortie d’autoroute permettant à son passager peu loquace de se rendre à son but : la gare d’Aix-en-Provence, pour y prendre le train. Le conducteur du Combi constate que l’homme ne sent pas très bon, est mal rasé, et il le dépose un peu plus tard, entre 4h00 et 4h15, à une sortie d’autoroute dont il ne se souviendra pas précisément du numéro, selon lui 30 ou 31.

La sortie 30 permet d’entrer dans Aix-en-Provence au plus près de la gare.

Monsieur X, dont la ressemblance avec Xavier Dupont de Ligonnès est frappante, est filmé par les caméras de sécurité du parvis de la gare d’Aix-en-Provence à 6 heures du matin. Il achète un billet local et, moins d’une demi-heure plus tard, disparaît de toutes les caméras après s’être glissé parmi les voyageurs matinaux du premier train pour Vitrolles. A peine réveillés et occupés par leurs soucis quotidiens, les autres passagers ne lui prêtent guère attention.

Le mardi 26 avril 2011, vers 8h00, le train dans lequel Monsieur X a pris place arrive à la gare de Vitrolles Aéroport Marseille Provence. L’homme s’y rend directement en prenant une navette stationnée devant la gare. Arrivé au terminus, il entre dans les toilettes de l’aéroport pour se changer et soigner son apparence avant de se rendre dans une salle d’embarquement. Un peu plus tard, l’avion pour Bruxelles dans lequel il a embarqué décolle de la piste.

Cinquième clé : La Route 66

L’avion de Bruxelles à destination de New York dans lequel se trouve l’homme atterrit quelques heures plus tard à l’aéroport international Liberty de Newark, dans le New Jersey. À un moment donné, il a changé d’identité. Il s’appelle désormais John Robert Doe*.

Newark, le lieu de naissance du célèbre romancier Harlan Coben, n’est pas très éloigné de l’endroit où John List a tué toute sa famille avant de disparaître quarante ans plus tôt. De plus, l’aéroport est situé à 11 km à l’ouest de la Statue de la Liberté. Et c’est un grand vent de liberté que John Doe respire à sa descente d’avion.

Où est passé l’homme après son arrivée aux Etats-Unis ? Si Xavier Dupont de Ligonnès possédait plusieurs comptes bancaires ainsi que diverses cartes de paiement, John Doe, lui, n’a plus que quelques dollars. Aux Etats-Unis, il pourra vivre modestement de petits boulots et il pourra bientôt, tout comme Xavier Dupont de Ligonnès sur la route nationale 7, faire un road trip sur la Route 66 pour réaliser pleinement son rêve américain en 2011.

Depuis le New Jersey, les possibilités d’existence sont multiples. Il peut, depuis l’aéroport de Newark, se rendre directement à l’ouest à San Francisco, décider de vivre à New York pendant un certain temps, se rendre au nord à Chicago en passant par Cleveland, se rendre au sud en Floride en passant par la Virginie, s’arrêter en Géorgie où il pourra saluer de vieilles connaissances, ou des connaissances d’amis, qui se souviendront peut-être de lui sous son ancien nom, ou sous un autre, et éventuellement lui trouver un emploi, par exemple comme vendeur de voitures d’occasion.

Pendant les douze années de sa cavale, il a peut-être décidé de parcourir entièrement la Route 66. La particularité de la Route 66 est qu’elle va de Chicago dans l’Illinois à Santa Monica Los Angeles en Californie.

Avant de s’installer dans la ville de Nantes, la famille Dupont de Ligonnès louait une maison à Pornic, près de la côte atlantique, à un couple de notaires qui avaient également des enfants et étaient leurs voisins. Les deux familles se connaissent bien et se fréquentent, jusqu’à ce que les Dupont de Ligonnès déménagent à Nantes en 2003. Bien évidemment, lorsque le drame est largement médiatisé en avril 2011, le couple de notaires se souvient de cette charmante famille d’anciens voisins.

Au cours de l’année 2015, à l’occasion d’une visite à leur fils qui a un emploi dans une multinationale située dans la Silicon Valley le couple se retrouve en Californie à déambuler dans le quartier français de San Francisco. Dans cette petite enclave historique du centre-ville, la femme entre dans un magasin d’alimentation quand soudain un individu la bouscule. L’ancienne propriétaire de Xavier Dupont de Ligonnès se retourne, et se retrouve face à un homme vêtu d’une chemise ajustée et bien rasé qu’elle reconnaît comme son ancien voisin. Elle a été tellement surprise, dans le contexte de l’endroit où elle se trouvait en Californie, qu’elle a prononcé son prénom à haute voix. L’homme aurait alors lui aussi écarquillé les yeux avant de se retourner et de s’éloigner au pas de course.

Cinq ans plus tard, un documentaire de la chaîne Netflix Unsolved Mysteries a consacré un épisode à Xavier Dupont de Ligonnès et au drame de Nantes, ce qui a évidemment donné lieu à plusieurs signalements. L’un d’entre eux a fait état de plusieurs personnes, peut-être une famille, ayant vu l’homme à Chicago. Si la photo envoyée par le témoin au réalisateur du documentaire montrerait un homme ressemblant à Xavier Dupont de Ligonnès, le lieu exact de l’observation n’est pas clair. Lake Shore Drive est un ensemble de routes qui longe le lac Michigan dans une partie de la ville. Cependant, cette piste n’est pas si farfelue. En effet, le début de la Route 66 n’est qu’à environ 600 mètres de Lake Shore Drive.

John Doe aurait-il eu l’idée de quitter San Francisco en 2015 pour suivre cette route historique à l’envers ? Effectue-t-il régulièrement des road trips sur la Route 66 ?

Texte à destination d’un nouveau lectorat adapté en Français d’un article publié en Anglais d’après une série d’articles de l’auteur sur https://www.sofb.fr. Réalisé avec l’aide de DeepL.com. Ajoutée aux propres notes de l’auteur depuis 2011, la liste des sources se trouve sous les articles originaux en Français.

* John Doe aux USA correspond à Untel ou X en France. Robert est ici un clin d’œil à John List dont le pseudonyme était Robert Clark. Image : Recadrage Google Street View

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Written by So Florent B

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